Notre (beau) projet citoyen

Divertir les enfants hospitalisés

Expliciter son projet

  • Bridget :

Je me suis lancée dans ce projet, car je suis touchée de près par le sujet. En effet, un ami de mon papa a appris il y a 5-6 ans que sa fille de 3 ans à l’époque était atteinte d’une leucémie qui ne se développe normalement que chez des adultes âgés de 40 ans.

 

De plus, ayant déjà travaillé dans l’enseignement spécialisé du type 3, j’étais très curieuse de découvrir l’univers et le fonctionnement du type 5. C’était donc une occasion d’approcher cet univers qui me touche tant.

 

  • Laureen : 

J’ai décidé de me lancer dans ce projet avec Bridget, car je suis moi aussi touchée de près par le sujet. Mon frère, Célian, a eu un AVC à l’âge de 11 ans et est maintenant hémiplégique. Il est d’ailleurs resté longtemps à l’hôpital dans lequel nous irons animer.

 

Cette période a été très dure pour ma famille et moi, mais j’ai eu l’occasion d’observer le travail de chacun au sein de l’hôpital et cela m’a donné envie de découvrir cet univers. En effet, lorsque mon frère était à l’hôpital, je me suis rendu compte qu’il restait constamment dans sa chambre pour regarder la télévision. Il n’avait aucun contact avec les autres enfants présents et c’est dans ces moment-là que je me suis dit qu’il faudrait des personnes extérieures pour les divertir afin qu’ils aient des moments de rencontre et d’échange. Je ne dénigre pas le personnel soignant, que du contraire, ces personnes font tout leur possible, mais ce n’est pas toujours évident de pouvoir s’occuper des enfants afin qu’ils puissent penser à autre chose de temps à autre.

 

  • Laurie :

Depuis un an maintenant, je passe tout mon temps avec Bridget et Laureen. J’ai donc assisté à l’élaboration de leur premier projet du début jusqu’à la fin, mais je ne me sentais pas légitime d’y prendre part, car je ne partageais pas leur expérience du milieu hospitalier et leurs motivations pour réaliser ce projet.

 

Mais cette année, ce projet a pris une autre dimension dans laquelle j’ai trouvé un intérêt qui m’était propre. Je souhaitais prendre part à la création d’un outil destiné aux enfants pour la richesse humaine et créative que ce projet pourrait m’apporter pour ma formation en tant qu’institutrice. Cette année, je me sentais plus apte émotionnellement à affronter le milieu hospitalier. 

Observer (pour comprendre et bientôt agir > OCA)

  • Observer : 

 

Nos observations n’ont pas changé depuis l’année passée. En effet, peu importe l’hôpital, celui-ci est beaucoup appréhendé des enfants.

Apporter de la gaieté aux enfants est notre principale motivation !

Cependant, nous avons tout de même observé une chose importante ayant un grand impact dans la vie des enfants hospitalisés : l’ambiance. En effet, à l’hôpital où nous sommes allées cette année, la Clinique de l’Espérance de Montegnée, qui a aujourd’hui déménagé au nouvel hôpital MontLégia, nous avons observé, Laureen et moi, quelque chose que nous n’avions pas forcément vu au CHR de Namur : tout le monde s’entend, rigole, s’amuse. Les infirmiers/infirmières sont proches des enfants et interviennent régulièrement auprès d’eux. Les éducateurs/éducatrices sont eux aussi très présents et très à l’écoute. Ils sont également très investis dans la vie des enfants à la salle de jeux ou en classe. Nous voulions, à notre tour, apporter une pierre à l’édifice afin d’apporter, à notre tour, du bonheur et du divertissement aux enfants que nous rencontrerons. Notre projet est totalement tourné vers l’enfant et ses besoins. Nous n’attendons rien en retour, si ce n’est des sourires sur leur visage. 

Cela nous a beaucoup motivées dans cette nouvelle expérience !

Une autre observation qui différait de notre expérience précédente à Laureen et Bridget : au CHC Montegnée, il n’y a pas de « laissé pour compte », tous les services regroupant les enfants hospitalisés sont décorés et pris en charge de la même façon. Des activités sont proposées dans tous les services pédiatriques (pédiatrie générale, oncologie pédiatrique…). En effet, les enfants ne pouvant se rendre à la salle de jeux, parce qu’ils sont contagieux ou que les autres peuvent l’être pour eux, peuvent emprunter du matériel, des livres, des films… pour s’occuper dans leur chambre. Un accompagnement individuel en chambre est également proposé par l’équipe de la salle de jeux.

Nous acceptons chacun des enfants dans leur globalité. De par leur âge, leur origine, leur parcours et leur maladie, le groupe d’enfants est riche en différences, ce qui peut paraitre un fossé, mais en se réunissant autour d’activités ludiques, ils ont partagé des moments qui leur ont permis de mieux s’apprivoiser et pouvoir ainsi mieux s’accepter.   

 

  • Comprendre : 

Nous nous sommes donc rendues au CHC (Clinique de l’Espérance de Montegnée) afin de rencontrer le personnel de l’aile pédiatrique. Contrairement à l’année dernière, nous avons directement été dirigées vers l’aile pédiatrique, où, après plusieurs rencontres, nous sommes remontées jusqu’au coordinateur de l’école. Celui-ci nous a alors accordé du temps pour que nous lui expliquions notre projet. Celui-ci, déterminant que notre projet entrait plus dans le cadre de la salle de jeux, a alors directement proposé d’écrire un mail à la responsable de cette section afin que nous puissions prendre contact avec elle dans le cas où notre projet l’intéresserait. 

 Intéressée et curieuse d’en apprendre plus, Madame Amrani nous a effectivement recontactées afin d’avoir plus de détails. Dès lors, nous avons fixé plusieurs dates et nous nous sommes alors lancées dans cette nouvelle aventure !

Cette année, nous n’avons pas eu l’occasion d’observer préalablement les enfants que nous animerions, les dates de nos interventions ayant été fixées très rapidement après notre premier contact avec Madame Amrani, responsable de la salle de jeux.

Dès lors, nos observations se sont faites directement lors de notre première après-midi d’animations (que nous vous expliquerons dans le point suivant). Lors de cette après-midi, nous n’avons reçu aucune information concernant les enfants, car les personnes avec lesquelles nous collaborions, dont Madame Amrani, ne voulait pas stigmatiser les enfants, mais préféraient que nous les découvrions et que nous nous fassions notre propre idée des enfants que nous avions en face de nous. À la fin de cette journée, nous avons fait un débriefing et c’est à ce moment-là que nous avons été informées, non pas des problèmes des enfants avec lesquels nous avons travaillé, mais des enfants qu’accueille la pédiatrie générale : troubles alimentaires, troubles psychosociaux, décrochage scolaire, tentative de suicide, harcèlement et hospitalisation de jour. Ce jour-là, nous avons réalisé des activités avec 6 enfants de 8 à 15 ans. La présence de la plupart était due à des troubles psychosociaux sauf l’une d’entre eux qui avait fait une tentative de suicide, et une autre qui souffrait de troubles alimentaires (anorexie).

Contrairement à l’école avec laquelle Laureen et moi avions travaillé, la salle de jeux a pour but de divertir et d’animer les enfants toute la journée afin de rendre leur séjour à l’hôpital plus agréable. Plusieurs activités sont mises à la disposition des enfants : films, jeux de société, bricolages, séances de gym, art thérapie... De plus, après les heures d’ouverture de la salle de jeux, les adolescents hospitalisés ont le droit de jouer à la PlayStation ou de regarder des films grâce au grand écran installé dans la classe.

 

  • Se former :

Laureen et Bridget ayant fait des recherches l’année passée afin de s’informer sur les publics auxquels nous serions confrontés, nous n’avons pas fait plus de recherches concernant les enfants hospitalisés. Cependant, accueillant une nouvelle recrue, Laurie, il était de notre devoir de la former et de l’informer de nos précédentes recherches, de notre expérience et des compétences acquises l’année passée, afin qu’elle soit elle aussi préparée à faire face aux enfants à l’hôpital.

Nous lui avons dès lors présenté les ouvrages que nous avions lus et nous avons pris le temps de discuter avec elle afin qu’elle prenne conscience de l’ampleur d’un tel projet et qu’elle puisse poser les questions qu’elle avait. Nous avons tenté d’y répondre au mieux, selon nos connaissances. Elle a également pu prendre connaissance de notre contrat pour mieux constater la charge de travail, ainsi que les attentes de la Haute École. 

Elle nous a rejoint dans l’aventure car elle souhaitait travailler davantage les arts plastiques au sein de notre recueil. A travers celles-ci, nous participions au bien-être des enfants. De plus, l’affichage de leur œuvres individuelles et/ou communes permettront d’égailler l’environnement dans lequel ils évoluent et les aideront à mieux l’apprivoiser. 

Nous devions également effectuer des formations, mais suite aux circonstances actuelles de confinement, nous n’avons pas eu l’occasion d’en faire.

Nous avons pris contact avec des professionnels du milieu comme Isabelle Kever, créatrice du site « Ma ludothèque pédagogique » afin de lui poser une série de questions et de tirer profit de son expérience en matière de création de jeux pédagogiques (voir annexe n°1).

Agir

Nous étions déjà étonnées l’année passée du temps et du matériel que nécessitait un tel projet. En effet, lorsque nous nous sommes engagées (Laureen et Bridget), nous n’avions aucune idée de l’ampleur d’un tel travail.

Cette année, nous pensions y être préparées, mais c’était avant que notre folie ne prenne le dessus sur notre raison et que nous nous lancions, avec Laurie cette fois, dans la rédaction d’une cinquantaine de fiches d’activités touchant différents domaines (activités culinaires, artistiques, littéraires, intergénérationnel, jeux de société, activités sur les émotions, cinéclub). Notre nouveau projet était de créer un recueil d’activités fonctionnel dans lequel les enfants pourraient aller à leur guise pour choisir l’activité de leur choix. Notre motivation de faire les choses pour les enfants a pris le dessus sur le reste et nous avons consacré autant de temps qu’il en fallait pour travailler afin d’obtenir un résultat satisfaisant qui leur plairait. Nous voulions bien faire pour leur bien-être.

Cependant, qui dit « fiches d’activités », dit matériel. Notre recueil d’activités ayant été créé pour ressembler à un vieux grimoire, il nous semblait évident de rester dans cet univers de mystère. Bridget est donc allée chercher une vieille malle à jouets qu’elle avait quand elle était petite, et nous nous sommes ensuite lancées dans son remplissage. Le plus dur était de l’organiser de manière à ce que les enfants s’y retrouvent sans que nous soyons constamment à côté de la malle, obligées de la superviser. Nous avons recommencé plusieurs fois ce rangement jusqu’à ce que nous trouvions enfin une organisation à la hauteur de nos espérances.

Il a fallu que nous nous voyions très régulièrement et que nous partagions le coût du matériel. Notre malle a été travaillée jusqu’à la dernière minute du jour J. Nous voulions que tout soit parfait ! 

Nous avons voulu leur proposer une série d’activités qui plaise à tous et à chacun, aussi bien aux petits qu’aux grands. Nous voulions penser à tous les enfants dans leur ensemble, pour qu’ils se sentent tous concernés et qu’ils trouvent leur compte dans notre offre de divertissement.

Voilà les activités que nous proposions :

  • Intergénérationnel

Cette catégorie n’était pas un intercalaire comme les autres dans notre farde. Nous avons proposé de réaliser certaines activités avec des personnes âgées hospitalisées sur place. Pour ce faire, nous avons placé un logo représentant deux personnes âgées sur les fiches des activités qui pouvaient se faire en intergénérationnel. Ainsi, les enfants s’y retrouvaient facilement et nous n’alourdissions pas notre farde en y répertoriant à nouveau toutes les activités. 

  • Activités culinaires (9) 
    • Cookies aux pépites de chocolat
    • Crêpes en folie
    • Brownies
    • Cupcakes
    • Soupe à la tomate
    • Soupe aux poireaux
    • Gaufrettes
    • Petits sablés
    • Quiches surprises 
  • Activités artistiques (7) 
    • Cheveux en folie
    • Peinture gonflante
    • Autoportrait
    • Feu d’artifice lacté
    • Ma balle antistress
    • L’arbre à papillons
    • L’attrape rêve
  • Activités émotionnelles (10) 
    • La ronde des émotions
    • Les cartes émotionnelles
    • Mimons les émotions
    • Dessinons sur la musique
    • Le jeu des émotions
    • Portrait chinois
    • Je suis un super héros
    • Je suis … quand …
    • Jeu des 7 émotions
    • J’écoute les émotions
  • Jeux de société (5) 
    • Jeu de l’oie
    • Qui est-ce ?
    • Bataille
    • Trivial Poursuit
    • Ne mange pas la consigne
  • Cinéclub (8) : 
    • Les mondes de Ralph
    • Ralph 2.0
    • Vice-versa
    • Là-haut
    • Coco
    • Ratatouille
    • La planète au trésor
    • Vaiana
  • Activités littéraires (11) 
    • Souvenirs classés TOP-SECRET !
    • Week-end d’enfer à Marrakech
    • Partie de poker à Nightingale House
    • Aventures au pays de la neige
    • Trois lézards pour six
    • La voix
    • Le château des contes
    • Le passeur de mémoire
    • On n’a pas de vacances

Nous nous sommes rendues à l’hôpital le 24 février de 13h30 à 17h00.

Lorsque nous sommes arrivées, quelques enfants attendaient l’ouverture de la salle de jeux et lorsqu’ils nous ont vus entrer avec notre ÉNORME malle, ils étaient très curieux. Nous avons alors attendu le restant des enfants. 

Pour commencer, nous nous sommes présentées et grâce à des petits jeux, nous avons fait connaissance avec eux.

Il était important pour nous de les découvrir et d’apprendre à les connaitre afin d’ajuster notre malle en fonction d’eux, de ce qu’ils aiment, de ce qu’ils souhaitent et de leurs besoins.

 Grâce aux ressources de l’hôpital nous avions un badge nominatif et les enfants avaient une étiquette sur leur vêtement. Nous nous sommes ensuite lancées dans l’explication de notre malle, de notre recueil… Ils ont alors chacun réalisé un fanion de présentation, que nous leur avions apporté (il ne restait plus qu’à le remplir avec leurs caractéristiques) afin de réaliser une banderole finale que nous aurions accrochée dans la salle de jeux pour que nous ayons un souvenir de chaque enfant ayant participé à nos animations.

Au départ, les enfants étaient très réceptifs et allaient dans la malle avec plaisir. Mais au bout de quelques heures (on nous a demandé de rester sur place minimum 3h), les enfants s’en sont lassés. Heureusement, ils avaient accès à un tas d’activités prévues, tout particulièrement pour la salle de jeux, et nous avons donc trouvé le moyen de marier les deux : notre malle était disponible, mais s’ils le désiraient, les enfants pouvaient faire autre chose. Ils étaient libres dans leurs choix.

Comparativement à ce nous avions vécu l’année passée au CHR (Bridget et Laureen), nous étions étonnées de voir des enfants aussi vifs. En effet, l’année passée, nous nous étions retrouvées devant des enfants très introvertis, qui parlaient peu et qui semblaient, pour certains, très passifs de ce qui se passait autour d’eux. 

Au CHC, c’était tout le contraire, les enfants étaient vifs, bruyants, parfois même arrogants. Certains d’entre eux étaient déjà des adolescents, ce qui a parfois compliqué les choses, car ils ne faisaient pas très attention à leur langage, même en présence des plus jeunes. 

Un autre étonnement est la méchanceté dont ils faisaient preuve les uns envers les autres. Les insultes volaient et il est arrivé qu’ils se crient dessus. Le premier jour, nous étions vraiment désemparées devant de tels comportements, surtout lorsque nous avons vu que personne ne réagissait auprès de ces enfants.

Cependant, nous avons fait notre maximum pour calmer les choses et pour les divertir afin qu’ils passent une bonne journée et s’amusent ensemble.

Lors de notre premier débriefing, nous avions déjà fait beaucoup d’observations dont nous avons fait part à la responsable. Tout d’abord, 3h30 d’activités semblait beaucoup trop long, les enfants se lassaient et nous ne voulions pas les dégouter de notre malle. Ensuite, l’espace de la salle de jeux ne suffisait pas, il y avait trop de jeux et l’organisation de la salle de jeux ne permettait pas à chacun de s’installer pour faire l’activité de son choix ni de nous rassembler pour les activités en plus grands groupes. Enfin, il fallait que nous élaborions des activités plus vives qui nécessiteraient qu’ils bougent davantage. 

Néanmoins, la responsable de la ludothèque, Madame Amrani, a souligné notre intervention, nos attitudes et leur impact positif sur les enfants. Elle ne regrettait pas son choix de nous avoir acceptées dans le programme bénévole, et voyait en nous un grand potentiel en tant qu’animatrices, mais aussi en tant qu’étudiantes citoyennes.

Étant donné que nous y retournions le lendemain, nous n’avons pas su apporter tous les aménagements nécessaires, mais nous avons pris note des éléments à changer pour les prochaines dates auxquelles nous irions. 

Cependant, le lendemain s’est passé tout à fait différemment. Mme Amrani nous a proposé de participer à toutes les activités que le personnel de la salle de jeux prend en charge, c’est donc pour cela que Laurie a eu l’occasion d’aller animer en chambre pendant que Laureen et Bridget réalisaient des jeux avec les enfants qui le désiraient. Nous avons bénéficié d’espaces supplémentaires, car ils nous avaient ouvert l’accès à la classe, ce qui permettait aux enfants de choisir ce qu’ils voulaient faire et où ils voulaient aller : nous avons organisé un espace plus centré sur les jeux de société à l’école, et le reste des activités se faisaient dans la salle de jeux. Là encore, certains enfants se sont comportés de façon irrespectueuse les uns envers les autres. Cette fois-ci, nous avons donc pris la situation en main en posant nos limites, nos règles et en discutant avec les enfants « perturbateurs ».

Finalement, nous avons échangé nos tâches : Laureen et Bridget sont allées en chambre tandis que Laurie est restée avec le reste du groupe.

 

Voilà nos retours réflexifs face à cette nouvelle expérience :

 

  • Laurie :

Pour ma part, c’était avec beaucoup d’appréhension que j’ai suivi Madame Amrani, car je n’ai aucune expérience du monde hospitalier et je ne savais pas si j’allais avoir les épaules suffisamment solides face à la souffrance à laquelle j’allais peut-être être confrontée. Après une visite des services, Madame Amrani m’a montré comment elle procédait, ce qui m’a beaucoup rassurée sur les gestes et les mots à employer. Nous sommes passées dans chaque chambre dire bonjour et proposer nos services. Cela permet aux enfants de ne pas se sentir mis de côté, car ils ne peuvent pas se rendre à la salle de jeux. J’ai finalement passé un moment avec une jeune fille qui aime beaucoup le dessin et le domaine artistique. Au début, j’avais l’impression de déranger, car ses parents étaient là, mais très vite, ils ont pu voir que cela se passait bien et se sont sentis suffisamment en confiance pour partir prendre l’air et un café. J’ai tenté de discuter avec la jeune fille de tout et de rien, et nous avons passé un très bon moment. Aller en chambre permet de mieux comprendre leur quotidien et mieux cerner leurs besoins. Ils s’ouvrent également plus et nous pouvons plus facilement discuter que lorsque nous avons un groupe à gérer. C’était une expérience que je referais avec plaisir.

 

  • Laureen : 

Mon expérience en chambre a été très courte et assez différente de celle de Laurie. Premièrement, j’étais avec Bridget, c’est donc différent de l’animation en solo, mais c’était une expérience agréable et enrichissante. Nous sommes allées à la rencontre d’une petite fille hospitalisée pour une grippe, qui ne parlait pas beaucoup, mais qui disait oui à tout, elle a donc accepté volontiers notre proposition. Son papa est resté dans la chambre avec nous tout le temps. Nous lui avons proposé un livre qui venait de l’école et non de notre malle, c’était donc une découverte pour elle comme pour nous, car nous ne connaissions pas l’histoire que nous avions choisie. C’était une activité tout à fait différente de ce que nous avions prévu, mais cela a été un énorme plus, du fait que l’on a pu être beaucoup plus proches de l’enfant animé.

 

  • Bridget :

Comme l’explique Laureen, nous sommes allées à la rencontre d’une petite fille atteinte d’une grosse grippe. Malgré une expérience très courte, celle-ci a été vraiment très agréable, car non seulement la fillette était vraiment très ouverte à nos propositions d’activités, mais son papa était également ravi que nous agissions auprès de sa fille pour lui changer les idées. Pour ma part, j’ai vraiment adoré la relation que nous établissons avec les enfants en chambre, nous nous sentons plus proches et davantage utiles. Leur reconnaissance est vraiment un cadeau ! Pour une première expérience, je suis tout de même contente d’avoir réalisé cette activité avec Laureen car je ne me sentais pas seule dans l’inconnu.

 

Après chaque séance, nous nous sommes remises en question suite aux conseils de l’équipe bénévole et nous avons fait le point pour pouvoir améliorer davantage notre malle et ses activités afin d’être en parfaite adéquation avec les besoins des enfants et leur permettre de s’épanouir dans leur vécu parfois bien difficile. Ils restent des enfants comme les autres qui ont besoin de s’amuser, de rire, de se livrer, de décompresser et d’oublier le quotidien de l’hôpital.

Communiquer

Pour valoriser notre projet, nous avons créé une affiche. 

Pour ce qui est de partager notre expérience et de valoriser le projet vécu, nous étions censées participer aux portes ouvertes prévues au mois de mars à la Haute École. L’année passée, le but du projet que nous avions entamé (Laureen et Bridget) était non seulement de partager notre projet et notre motivation, mais également d’éventuellement agrandir notre équipe afin d’agir plus efficacement auprès des enfants, mais aussi agir à plus grande échelle.

Ça a d’ailleurs été le cas, car cette année, nous avons accueilli Laurie dans notre équipe. Le but étant d’agrandir notre équipe pour « agir à plus grande échelle », c’est-à-dire que nous voulions pouvoir proposer un plus grand choix d’activités (il y a plus d’idées dans trois têtes que dans deux) et intervenir avec plusieurs enfants en même temps, seul ou en groupes. Nos actions étaient donc plus adaptées en nous concentrant sur un ou deux enfants en particulier car nous étions à plusieurs et nous pouvions donc continuer à divertir les autres en même temps. 

Aux journées portes ouvertes, nous comptions présenter notre projet grâce à un PowerPoint. Nous aurions donné des petites explications supplémentaires (notre difficulté à trouver un endroit, notre ressenti, notre expérience en chambre …) pour la bonne compréhension de nos actions et nous aurions également amené notre malle d’activités élaborée pour notre projet et testée par les enfants de l’hôpital. Nous aurions également parlé des ajustements que nous aurions voulu amener pour que la malle soit plus facile à transporter, plus pratique et plus fonctionnelle. Nous aurions aussi parlé des activités que nous aurions prévu, en fonction des périodes de l’année (un panier de Pâques, par exemple). 

Pratiquer l’analyse réflexive sur la cohérence du projet citoyen

Citoyen : qui fait preuve d’esprit civique.

 

Pour nous, être citoyen c’est penser aux autres et à leur bien-être. C’est également l’aider avec nos propres moyens. En tant que futures enseignantes, le bonheur et le bien-être des enfants est une de nos priorités et notre principale préoccupation. C’est pourquoi nous nous sommes orientées vers la pédiatrie à l’hôpital.

 

En quoi rentre-t-il dans notre conception de la citoyenneté et est donc en accord avec le projet « étudiants citoyens » ?

Premièrement, notre vécu à chacune a fait qu’il nous a semblé naturel de s’orienter vers des enfants en difficultés. Nous avons donc pensé au milieu hospitalier. Le fait d’avoir un certain vécu avec l’hôpital nous permet de nous mettre plus facilement à la place de ces enfants hospitalisés et ainsi de mieux comprendre leurs réactions et leurs besoins. Nous avons également conscience de la situation qui règne souvent dans les hôpitaux. Les enfants ont un rapport compliqué avec cet endroit et l’ambiance est essentielle pour leur bien-être et leur guérison. Cela nous a donc paru évident. Notre but était donc d’améliorer un peu cet aspect pendant quelques heures, pour donner de la joie à ces enfants. Nous pensons que l’aspect citoyen est bien respecté. Enfin, ce projet nous apporte également une expérience nouvelle dans notre formation d’institutrice, car nous apprenons à gérer et à travailler avec des enfants venant de milieux différents et ayant des comportements très changeants par rapport à ceux que l’on a pu rencontrer en stage, par exemple. Ce projet est donc un bénéfice pour nos futures carrières. Ce projet nous a fait grandir et évoluer. C’est grâce à ce qu’il nous a appris que nous serons plus aptes à identifier les besoins de chacun, d’agir en fonction et de mettre en place des outils pour pallier à cela. Cela est donc bénéfique pour les enfants et pour nous ; cela ne nous rendra que meilleures enseignantes et personnes dans notre vie professionnelle. 

Au-delà de ce que cette expérience nous a apportés, nous pensons qu’elle était également enrichissante pour l’enfant. Notre objectif premier était de les divertir mais lors de l’élaboration de notre recueil, nous avons veiller à proposer des activités qui pourraient leur apporter quelque chose de nouveau qu’ils n’avaient pas forcément. Certaines leur ont appris à coopérer, à s’entraider, à s’écouter et à communiquer. D’autres leur ont permis de se recentrer et de se livrer sur leurs émotions personnelles. Avec plus de temps avec eux, nous pensons que notre démarche aurait vraiment pu leur permettre de mieux vivre ensemble mais malheureusement, le confinement nous obligea à stopper momentanément notre projet. Cependant, lors de ces deux jours, nous avons tout de même constater que nos animations ont eu un impact positif sur leur moral et dans la cohésion groupe. Les enfants enthousiastes et joyeux. En seulement deux jours, nous avons su établir un lien de confiance ainsi qu’un climat de groupe agréable. D’ailleurs, lors de notre deuxième jour, les enfants sont directement venus vers nous et étaient contents de nous voir. C’est à ce moment-là que nous réalisé l’empreinte que nous laisserions derrière nous grâce à notre projet.

Pratiquer l’analyse réflexive sur le cheminement personnel global

Au début, nous avons rencontré plusieurs difficultés. La première : organiser notre temps entre l’école, les stages, le projet… n’a pas été une mince affaire. D’autant plus que nous ne vivons pas du tout dans la même région, les déplacements nous demandaient beaucoup de temps.

Ensuite, nous voulions réessayer de contacter le centre William Lennox, mais, malgré plusieurs appels à divers moments de la journée ainsi qu’une rencontre sur place où nous n’avons pas très bien été reçues, nous avons laissé tomber.

Nous nous sommes ensuite rendues à la Clinique Saint Pierre d’Ottignies ainsi qu’au Centre Médical Pédiatrique Clairs Vallons, mais, malheureusement, les réponses que nous avons reçues étaient soit négatives soit mitigées.

Afin de contribuer aux démarches que Bridget et Laureen avaient commencées, Laurie a alors recontacté les endroits dont les réponses demeuraient incertaines. Elle a également pris contact avec une infirmière travaillant dans le centre psychiatrique du Beau-Vallon, situé à Saint-Servais, qui possède une aile pédiatrique et avec des assistantes sociales travaillant à Ottignies et à Bruxelles. Cependant, faire comprendre aux établissements que nous ne cherchions pas de stage était très compliqué.

Sur les conseils de Madame Klinkers, nous nous sommes finalement rendues au CHC Montegnée où nous avons été très bien accueillies. De plus, ils semblaient très favorables à notre projet et, dans un laps de temps très restreint, nous avons enfin eu une réponse positive ! 

Une autre difficulté a été la gestion du groupe, une fois sur place. En effet, comme nous le disions plus haut, nous nous sommes retrouvées face à des enfants parfois arrogants et irrespectueux envers les autres enfants et nous-mêmes. Au départ, nous étions un peu désemparées face à leurs comportements, car nous avions remarqué que le personnel ne réagissait pas. Cependant, il nous semblait primordial de les avertir de nos limites, car nous ne voulions pas tolérer de tels comportements. Lorsque nous y sommes retournées le deuxième jour, un enfant s’est montré particulièrement irrespectueux envers les autres et envers le matériel que nous lui proposions. Nous avons directement expliqué à l’ensemble des enfants présents qu’un tel comportement ne serait pas accepté avec nous, que nous avions pris énormément de temps à leur préparer tout cela et que nous ne tolérerions pas qu’ils ne le respectent pas. Nous avons également permis aux enfants qui ne voulaient pas être présents de partir s’ils en avaient envie, notre but n’étant pas de les forcer à être là, mais de les divertir. L’enfant s’est alors calmé et l’après-midi s’est mieux passée. Cependant, nous pensons avoir compris la source de son comportement : sa maman venait lui rendre visite et, comme plusieurs enfants parmi eux, les visites semblaient les mettre dans un état d’anxiété inimaginable.

Malgré que nous n’ayons pas pu animer plus que deux jours, en raison des circonstances actuelles de confinement, nous dirions que nous avons acquis des compétences transversales relationnelles, car nous avons appris à communiquer autrement face à un public ayant des besoins différents, écouter autrement des enfants rencontrant des difficultés et qui ont du mal à les exprimer, agir autrement de manière à construire un climat de confiance et de respect face à des enfants qui ne se laissent que difficilement « amadouer » et qui éprouvent des difficultés à faire confiance. En effet, nous en sommes sorties touchées et plus humaines. Notre action s’est encore plus fait ressentir lorsque lors de notre deuxième journée, nous nous sommes retrouvées face à une adolescente très triste par sa difficulté à se créer une place au sein du groupe d’enfants de l’hôpital. Le premier jour, elle a essayé de se faire remarquer par tous les moyens, quitte à ne plus écouter les autres. Le deuxième jour, son comportement a été très différent et il a fallu chercher la source du problème. Nous sommes alors entrées dans une position d’écoute et d’empathie et nous avons pris le temps nécessaire pour qu’elle se sente mieux. D’ailleurs, lorsque nous sommes allées lui dire au revoir, elle était très affectée par notre départ.

Si les choses avaient suivi leur cours normal, nous avions déjà imaginé des ajustements et des activités supplémentaires. Par exemple, nous aurions proposé des activités artistiques en lien avec les différentes périodes de l’année (panier de Pâques…), ainsi que des activités plus vives qui nécessitent plus de mises en mouvement comme les mimes, le jeu twister pour les enfants capables physiquement…

Un autre ajustement concernant notre malle était prévu. Celle-ci ne bénéficiait pas de roulettes et était particulièrement lourde à transporter une fois remplie. Madame Amrani a d’ailleurs eu pitié de nous et nous a permis de la laisser à l’hôpital étant donné que nous y revenions le lendemain. Elle nous a également prêté un chariot à roulettes sur lequel nous avons pu poser la malle (voir photo sur l’affiche) afin de la transporter plus facilement. Nous avons alors réfléchi à des solutions, car il était impossible pour nous de la transporter comme cela. Plusieurs solutions nous sont alors venues à l’esprit : 

  • Faire des valises différentes selon les activités que nous proposons. Ainsi, il nous serait plus facile d’aller en chambre. Cependant, au vu du matériel que nous avions, il serait très difficile de l’organiser correctement dans des valises. 

 

  • Mettre notre malle sur roulettes. En effet, le papa de Bridget était d’accord de fabriquer une planche à roulettes à fixer à la malle afin de circuler plus aisément avec, tout en conservant l’aspect mystérieux et intrigant de ce matériel.  Suite aux circonstances actuelles, nous n’avons pas pu prolonger notre projet au MontLégia, la nouvelle structure qui accueille désormais les patients hospitalisés. Nous aurions alors pris connaissance des lieux afin d’envisager les possibilités de changements les plus logiques et adaptés à l’environnement et aux enfants pour pouvoir intervenir aussi bien en chambre qu’en groupe. Nous n’avons pas connaissance du mode de fonctionnement du MontLégia, c’est donc compliqué pour nous de faire les changements adéquats sur notre malle.   

Nous restons cependant sur notre faim. Cette expérience a été tellement positive et enrichissante que nous sommes assez déçues et frustrées de ne pas avoir pu continuer à plus long terme. Nous pensions donc proposer à Madame Amrani, la responsable de la plaine de jeux avec qui nous avons eu un très bon contact, de revenir les voir lorsque le confinement sera levé. 

Département pédagogique de Champion - HENALLUX