Mes boites

Tout d’abord, étant donné les circonstances, nous n’avons pas eu l’occasion d’expérimenter les boites sur les 3 semaines de stage prévues initialement. Certes, sur le temps de 2 semaines, les enfants ont eu l’occasion d’aller dans leur boite, mais, ayant un horaire chargé, mais aussi pour ne pas mettre de pression sur les épaules de mes élèves qui n’ont pas l’habitude d’autant travailler, j’ai décidé de ne pas les stresser avec leur boite en ne prévoyant pas trop de périodes par semaine prévues à cet effet. Ces trois semaines auraient donc été nécessaires pour que les enfants puissent expérimenter un nombre  "correct" d’activités. Sachez donc que mes analyses réflexives ne se baseront que sur quelques expérimentations qui, malheureusement, ne me permettent pas de faire preuve d’une réelle réflexivité quant à ma pratique.

L’organisation de mes boites devait être la plus claire possible afin que tous les enfants comprennent le rangement. Pour cela, chaque activité était illustrée par un logo (avion, fleur, cœur, etc.). Les enfants choisissaient l’activité de leur choix, la réalisaient et, une fois finie, ils allaient mettre une croix dans leur tableau à côté du logo, à la date du jour. Parfois, certaines activités nécessitaient du matériel comme des pinces à linge, des perles, etc. J’avais donc prévu un bac de matériels à la disposition des enfants dans lequel les enfants allaient se servir librement. Pour les activités mathématiques, étant donné que les enfants n’avaient pas l’habitude d’en faire, il me semblait nécessaire de leur apporter des outils d’aide. Chaque enfant bénéficiait donc, en cas de besoin, d’un additionneur et d’un soustracteur dans leur couleur.

Malheureusement, une grande partie de mon matériel est resté sur mon lieu de stage.

Je n'ai donc pas beaucoup de photos...

J.

J. est une jeune fille autiste ayant un très bas niveau. Tout comme M., elle a besoin d’énormément de répétitions, mais aussi d’énormément de manipulations pour apprendre et pour stocker ses apprentissages dans sa mémoire à long terme. 

Cependant, ce qui est très dur avec J., c’est le fait qu’elle n’est pas du tout autonome et qu’elle est même parfois un peu fainéante. Je devais donc rester continuellement à côté d’elle, car, malgré qu’elle soit capable de faire les choses toute seule, elle refuse et attend qu'on s’occupe d’elle. Il était donc très difficile pour moi d’être disponible pour tout le monde, car, soit je me consacrais à elle et les autres s’en sentaient défavorisés, soit je me consacrais aux autres et J. attendait sans rien faire et parfois, piquait des colères…

Pour elle, j’avais prévu la même chose que pour M. au départ, car, tout comme M. c’est une élève qu’il m’a été très difficile de cerner. Je pensais donc également utiliser ma première semaine comme une observation et une expérimentation afin d’ensuite ajouter de nouvelles activités. Et c’est ce que j’ai fait. En effet, lors de courses, je suis tombée sur un excellent recueil d’activités Montessori pour les 0 à 4 ans. J’ai directement pensé à M. et à J.

Après en avoir parlé à ma maitre de stage qui m’a donné carte blanche, je me suis lancée tout le weekend (durant la journée et une partie de mes nuits) dans la réalisation de matériel pour aider J. dans sa vie pratique future.

Celui-ci m’a d’ailleurs tellement pris de temps que je n’ai pas eu le temps d’en faire des préparations…

Voilà donc ce que j’ai rajouté : 

  • Apprendre à visser et à dévisser différents bouchons ;
  • L’utilisation de pinces de différents formats et de divers matériaux au travers diverses activités pour développer sa psychomotricité fine ;
  • L’utilisation de pinces à linge (grandes et petites) en apprenant à pendre du linge en feutrine.
  • Le graphisme dans du sable pour lui apprendre à contrôler ses mouvements (à la base très saccadés) dans diverses situations d’apprentissage.
  • L’écriture des lettres majuscules à l’aide de plasticine.
  • Les couleurs à travers les objets, aliments… de la vie quotidienne.
  • Le rangement de gobelets pour apprendre à reproduire un exemple, mais aussi pour apprendre à contrôler ses mouvements.
  • J’ai également créé des suites de Légos de couleur qu’elle devait à son tour refaire afin qu’elle apprenne, là encore, à reproduire un exemple.
  • La reconnaissance des nombres grâce à des gobelets à replacer sur un plateau de jeu.
  • Apprendre à compter.
  • Apprendre à découper sur des lignes.

J’aurais également aimé faire une activité de transvasement ainsi que des cadres d’habillage, mais je n’ai malheureusement pas eu le temps de mettre cela en place.

Au niveau de la pratique, J. a malheureusement été absente quelques jours en raison d’une pharyngite. Elle n’a donc pas eu l’occasion d’expérimenter, avec moi, toutes les nouvelles activités que je lui avais préparées. 

Cependant, nous avons eu l’occasion de travailler certaines activités.

  • Les suites de formes :

Assez étonnamment, c’est une activité qui a merveilleusement bien fonctionné. J. a compris directement ce qu’elle devait faire. Cependant, elle avait constamment besoin d’être stimulée. 

Je lui posais donc de nombreuses questions comme :

« Que dois-tu mettre en premier ? », « Et ensuite ? », « De quelle couleur est cette forme ? »…

Je n’ai pas abordé avec elle le nom des formes pour la simple raison qu’elle ne les connait pas et je voulais éviter de trop lui en demander.

J. a beaucoup aimé cette activité et elle l’a faite avec beaucoup de sérieux ainsi qu’une bonne concentration.


  • Les glaces :

Pour cette activité, J. avait devant elle diverses formes de cornets de glace, diverses boules de différentes couleurs ainsi que diverses décorations comme des cerises, des pépites de couleurs, …

Sur base d’un exemple, J. devait essayer de reproduire la même glace. Cependant, la tâche s’est trouvée être particulièrement difficile. J. reconnaissait les cornets, les différentes boules et les décorations, mais était incapable de les agencer correctement. Malgré mon aide, J. ne comprenait pas les mots de vocabulaire « au-dessus » et « en dessous » et ne comprenait pas comment elle devait mettre la boule malgré que je lui aie montré plusieurs fois. 

Malheureusement, je n’ai pas eu assez de temps avec elle pour travailler cela à nouveau.

Si c’était à refaire, j’essayerais de l’aider en collant des scratchs afin d’aider J. à placer correctement les différents éléments des glaces.

 

  • Le graphisme avec Auguste le fantôme :

Pour cette activité, J. avait devant elle diverses cartes à tâches représentant divers chemins de graphisme sur lesquels elle devait repasser à l’aide d’un marqueur tableau. 

J. a su réaliser cette activité seule. Cependant, j’ai de moi-même été près d’elle lorsque la difficulté est devenue plus grande. En effet, J. n’a rencontré aucune difficulté pour les grands mouvements. Cependant, lorsque le chemin de graphisme est devenu plus petit et demandait de plus petits gestes, alors J. a rencontré des difficultés à adapter son mouvement et à le maintenir. 

Je l’ai donc guidée, en prenant d’abord sa main pour le faire avec elle puis en la laissant essayer seule.

  • Les pompons dans le gobelet : 

Pour cette activité, J. avait devant elle diverses cartes représentant les pompons dans les gobelets ainsi que les pompons en vrai, deux pinces de différentes tailles et un gobelet transparent. À l’aide de la pince et sur base de l’exemple, J. devait replacer les bons pompons dans le bon ordre dans le gobelet.

J’étais à côté de J. lorsque je l’ai lancée dans cette activité et tout s’est très bien passé. Elle a reconnu et nommé les couleurs, elle a su manipuler la pince sans difficulté (je lui avais demandé de la manipuler dans le vide avant de commencer l’activité afin qu’elle comprenne comment placer sa main et les mouvements à effectuer). À chaque carte, elle me montrait quel pompon devait venir en premier, en second, en troisième… me disait sa couleur et ensuite réalisait la tâche.

Cependant, il a fallu que je m’occupe d’un autre de mes élèves et je lui ai alors dit de continuer un peu seule. Dès lors, elle a commencé à faire n’importe quoi et, voyant que je ne lui accordais plus la même attention, elle a fini par fondre en larmes. J’ai donc dû interrompre l’activité et prendre le temps de la calmer et de la rassurer avant de la relancer de plus bel.

 

Malheureusement, J. n’a pas eu l’occasion de tester plus, mais ma maitre de stage a décidé de garder ma boite jusqu’à la fin de l’année afin de pouvoir expérimenter mes activités avec elle.

M.

M. est une jeune fille autiste non parlante qui est encore au début de ses apprentissages. Je lui ai donc créé une boite personnalisée reprenant des activités qui continue le travail de ma maitre de stage, mais qui travaille également ses acquis, car c’est une jeune fille qui a besoin de répétition pour apprendre et pour que ses apprentissages se stockent dans sa mémoire à long terme. M. a encore un niveau de maternelle.

Voilà ce que j’avais prévu dans sa boite : 

  • Des tangrams ;
  • Du graphisme (lignes, lettres majuscules et minuscules…) ;
  • De la numération (reconnaitre les nombres et leurs schèmes…) ;
  • Des activités sur les couleurs (reconnaissance, rangement, formes…) ;

Un travail sur une compétence transversale instrumentale.

Je n’avais pas prévu grand-chose pour elle, car c’est une de mes élèves qui m’a « causé » le plus de difficultés. J’avais beaucoup de mal à évaluer son niveau et donc, à trouver des activités qui lui seraient utiles. Je pensais donc utiliser ma première semaine comme une observation et une expérimentation afin d’ensuite ajouter de nouvelles activités.

M. a malheureusement été absente un long moment durant mon stage. Elle n’a donc pas su vraiment expérimenter ce que je lui avais préparé dans sa boite et c’est pourquoi je n’ai pas ajouté plus d’activités. Cependant, le peu de temps qu’elle a passé dans sa boite s’est avéré bénéfique. Celle-ci a su être autonome dans son apprentissage, c’est-à-dire qu’elle a choisi et réalisé les activités seule. Je suis tout de même restée près d’elle en cas de difficultés, car M. doit apprendre à demander de l’aide lorsque quelque chose ne va pas.

D. et N.

D. et N. sont des enfants très différents au niveau de leur caractère respectif. Cependant, pour ce qui est de l’aspect scolaire, ils sont plus ou moins au même niveau (début CP). C’est pourquoi ils bénéficiaient d’une boite pour deux regroupant diverses activités ayant pour but l’apprentissage, le dépassement ou le travail des prérequis.

Voilà ce que j’avais prévu dans leur boite :

  • Des tangrams ;
  • De la numération ;
  • Des additions et de la soustraction ;
  • Le repérage dans un quadrillage ;
  • La structuration spatiale ;
  • De la lecture ; 
  • Du graphisme (lignes, lettres majuscules et minuscules…) ;
  • De l’orthographe ;
  • Le travail des phonèmes ;
  • Un travail sur une compétence transversale instrumentale.

Tous deux m’ont vraiment étonnée. Tout d’abord, le fait que ce soit LEUR boite leur a vraiment plu et motivé à aller dans leur boite lors des moments prévus à l’horaire. En effet, ceux-ci ont vraiment pris les activités au sérieux et ont apprécié les faire. Je pense que les différentes formes des activités (papier, cartes à pinces, cartes à tâches, etc.) faisaient en sorte qu’ils ne s’ennuient pas et qu’ils n’aient pas l’impression de toujours faire la même chose, bien que souvent, ils s’orientaient vers les formats papier, fiers de pouvoir ensuite les garder. 

Au travail, D. est vraiment discret. Étant très introverti, il fait l’activité seul et ne demande de l’aide qu’en cas d’extrême nécessité. N., à l’inverse, a tout le temps besoin de reconnaissance. Toutes les 5 minutes, elle réclame l’attention et attend énormément de valorisation quant à son travail.

L. et A.

L. et A. sont également des enfants très différents au niveau de leur caractère respectif, mais ils sont très proches, ils communiquent beaucoup et s’entendent très bien. À l’école, ils ont des niveaux équivalents (CP). C’est pourquoi je leur ai fait une boite commune. 

Voilà ce que j’avais prévu dans leur boite :

  • Des tangrams ;
  • De la numération ;
  • Des additions et de la soustraction ;
  • Le repérage dans un quadrillage ;
  • Le tableau à double entrée ;
  • La structuration spatiale ;
  • De la lecture ; 
  • Du graphisme (lignes, lettres majuscules et minuscules…) ;
  • De l’orthographe ;
  • Le travail des phonèmes ;
  • un savoir écouter ;
  • Un travail sur une compétence transversale instrumentale.

Il a été un peu déstabilisant de gérer ce duo.

En effet, L., atteinte de troubles psychotiques, ne se mettait pas très rapidement à la tâche. Elle prenait la farde de feuilles et expliquait chacune des feuilles à ses amis imaginaires. Au départ, je lui répétais sans cesse de travailler au lieu de jouer, mais cela n’avait aucun impact sur eux. Après en avoir discuté avec ma maitre de stage, j’ai compris que je devais lui faire comprendre que ses amis n’avaient rien à faire là. Je lui ai donc dit que ces amis ne devaient pas la distraire en classe, qu’elle devait leur dire de la laisser tranquille et qu’elle les verrait à la récréation. Directement, elle les a chassés et s’est mise à travailler. Une fois plongée dans le travail, c’est une enfant consciencieuse. Cependant, elle ne reste pas longtemps concentrée et atteint vite ses limites. C’est pourquoi elle changeait régulièrement d’activité. 

A., quant à lui, est un enfant quelque peu hyperactif. Centrer son attention sur une tâche était donc très compliqué. Lui aussi ressentait donc le besoin de changer régulièrement de travail. Je les laissais faire, car il me semblait important qu’ils trouvent leur propre rythme de travail et qu’ils agissent selon leurs besoins et leurs capacités. Cependant, une des grosses lacunes de A. est le fait qu’il est tout le temps en recherche d’attention. Je dirais même qu’il recherche une certaine exclusivité dans la relation avec la personne qui encadre le groupe. Dès lors, il se met en position de l’enfant « incapable » et demandait en permanence mon approbation. Mon objectif était donc de lui apprendre à travailler seul. Je tournais donc très régulièrement dans les bancs de manière à lui montrer que j’étais là, mais je ne vérifiais son travail que lorsqu’il le finissait.

K. et V.

 K. et V. sont les enfants « explosifs » de la classe, mais ce sont également les enfants ayant le plus haut niveau scolaire dans la classe (CP - CE1). Pour K., les activités de la boite représentaient principalement des entraînements, mais pour V., certains exercices étaient du dépassement.

Cependant leur niveau étant tout de même plus ou moins équivalent, je leur ai fait une boite commune.

Voilà ce que j’avais prévu dans leur boite :

  • Des tangrams ;
  • De la numération ;
  • Des additions et de la soustraction ;
  • Le repérage dans un quadrillage ;
  • Le tableau à double entrée ;
  • La structuration spatiale ;
  • De la lecture ; 
  • Du graphisme (lignes, lettres majuscules et minuscules…) ;
  • De l’orthographe ;
  • Le travail des phonèmes ;
  • Du savoir écouter ;
  • Un travail sur une compétence transversale instrumentale.

K. a été étonnamment consciencieuse. D'ordinaire, elle est d'un naturel assez détaché, un peu « je-m'en-foutiste », mais lorsque je lui ai présenté sa boite, elle était ravie et enthousiaste.

V., quant à lui était plutôt réticent. Au départ, il était enthousiaste à l'idée d'avoir SA boite personnelle. Cependant, lors des plages horaires prévues à cet effet, celui-ci se renfermait complètement. À la suite de recherches dans le cadre de mon TFE, je pense que V. avait en réalité une peur panique de montrer qu'il pouvait avoir des faiblesses. Peut-être est-ce un manque de confiance en eux ou une peur d'apprendre. Il n'empêche que lorsqu'ils étaient censés travailler dans leur boite, V. se braquait et quand j'essayais de discuter avec lui, il disait avoir peur que je l'engueule. Or, j'ai tenté de lui expliquer à plusieurs reprises que je n'allais pas être fâché si parfois il me demandait pour faire autre chose, que je ne désirais en aucun cas le stresser avec sa boite et qu'en cas de besoin, il pouvait venir m'en parler. J'ai eu beaucoup de mal à lui faire comprendre que le but n'était pas de l'envahir de travail, mais qu'il fasse les choses à son rythme, même si, parfois, il ne se sentait pas apte à travailler...


Département pédagogique de Champion - HENALLUX