Moi à la fin de cette deuxième grande aventure : analyse réflexive de ma pratique

Les points forts de mon stage

Mon premier point fort fut ma différenciation. En effet, au départ, j'étais vraiment démunie face aux niveaux très différents et très bas de mes élèves. J'ai donc longuement réfléchi à une manière de répondre aux besoins de tous et de respecter le niveau de chacun. C'est alors que j'ai eu l'idée de construire des boites personnelles regroupant une série d'exercices ludiques et attrayants adaptés au niveau de chaque enfant. J'ai alors regroupé les enfants ayant des niveaux similaires dans la même boite et créé pour chacun un tableau récapitulatif avec l'ensemble des activités de la boite.

Mon second point fort est, selon moi, ma relation avec les enfants. En effet, je me suis retrouvée avec des enfants très différents les uns des autres et ayant chacun des difficultés bien spécifiques. Mais, par des attitudes bienveillantes et empathiques, et en faisant des pas vers chacun d'entre eux, j'ai su me faire une place au sein de la classe (tout cela sera expliqué plus en profondeur ci-dessous). 

Enfin, mon dernier point fort était mon matériel. J'ai consacré énormément de temps à sa réalisation. Je dormais peu, je voulais que tout soit parfait et je voulais que les enfants soient motivés à l'idée de travailler. J'ai été très fière de ce que j'ai réalisé et je remercie mes parents d'avoir pris du temps pour m'aider.

Toutes ces choses m'ont rendue très fière de moi.

Ma gestion de classe

Étant donné que j'ai créé, dans le cadre de mon TFE, un fichier regroupant un ensemble de pistes pratiques pour gérer les comportements difficiles en classe, je pensais piocher dedans selon ce qui se présentait à moi. Je voulais agir, au maximum, de manière individuelle et privilégiée auprès de chaque enfant. Lors de mes observations, j'avais déjà sélectionné un certain nombre d'outils qui aurait pu convenir à ma classe. Cependant, dans un but de progression afin de ne pas assaillir mes élèves de changements, je ne les ai mis en place qu'un à un. J'ai d'abord commencé avec ma boite à émotions. Celle-ci a eu beaucoup de succès auprès des enfants. Lors de situations anxiogènes, de début de crise, de crise, etc., les enfants pouvaient aller dans la boite afin de prendre un ou plusieurs objets qui les aidaient à se détendre, à se calmer, à évacuer leurs frustrations. Souvent, les enfants y allaient d'eux-mêmes, mais lorsqu'ils étaient en crise, ou presque, c'était à nous (ma maitre de stage et moi) de l'orienter vers la boite.

Malheureusement, étant donné les circonstances (covid-19), je n'ai pas eu l'occasion de tester davantage d'outils, mais la mise en place de la boite a déjà eu un très bon impact sur l'ensemble de la classe même si c'était souvent les mêmes qui y allaient.

Mis à part deux crises, que je n'ai pas géré moi-même, les rares difficultés que j'ai rencontrées ont été réglées grâce à des discussions. En effet, lorsqu'un de mes élèves était tracassé, stressé, énervé, etc., je le prenais à part, à l'extérieur de la classe, et nous discutions longuement de ce qui n'allait pas, mais aussi des comportements inadéquats qu'il pouvait alors adopter dans ce genre de situation. Comme dit ma maitre de stage, il faut être franche, ça ne sert à rien de tourner autour du pot, alors les discussions que je pouvais avoir étaient toujours très honnêtes que ce soit de ma part ou de celle de l'enfant, et ce, même si tout n'était pas toujours agréable à entendre. Ma maitre de stage était d'ailleurs contente de mes interventions, elle me le disait souvent.

Si c'était à refaire, je ne changerais rien, car ces échanges et cet outil mis en place ont vraiment participé à la relation honnête, bienveillante et de confiance que j'ai su établir avec les enfants.

Mes préparations

Toutes mes préparations « principales » étaient prêtes et envoyées avant le début de mon stage. Celles-ci ont dû être quelque peu retravaillées afin de les adapter à ce que je prévoyais de faire en classe. Tout d'abord, les intercalaires de ma farde de stage furent modifiés et portaient le nom de mes élèves. Chacun de ces intercalaires reprenait toutes les préparations des exercices proposés dans la boite des enfants ainsi qu'un récapitulatif des logos des activités afin de permettre aux personnes venant me voir en stage d'aller parcourir facilement les boites de mes élèves.

 

Mes préparations de religion, sur les capacités, ... m'ont pris un peu plus de temps étant donné la quantité astronomique de matériel que j'ai dû faire, mais elles étaient tout de même prêtes en temps et en heure. Selon moi, la plupart de mes leçons étaient bien préparées, mais si je devais en refaire une, je retravaillerais ma leçon sur l'Espagne afin d'être moins dans le frontal et davantage dans le constructivisme.

Un autre point que je retravaillerais, dans un souci d'organisation plus pratique pour moi, est le fait que je rédigerais une liste par enfant répertoriant les logos et l'activité qu'il représente. C'est une chose à laquelle je n'avais pas pensé au préalable, mais qui m'aurait été utile sur le terrain.

Mes consignes

  • Mes consignes orales :

Mes consignes orales sont citées dans mes préparations, mais je dois bien avouer que je ne les dis pas mot pour mot. Je connais mon objectif et j'agis en fonction des étapes de ma leçon. Face à mes élèves, j'adapte ma façon de parler afin que nous nous comprenions.

En cas d'incompréhension, je prenais le temps de réexpliquer avec d'autres mots.

Pour J., je prenais le temps de parler lentement avec des mots simples et compréhensibles et je répétais régulièrement pour qu'elle comprenne bien ce qui lui était demandé.

  • Mes consignes écrites :

Mes consignes écrites étaient toutes présentes dans les documents donnés aux enfants et avaient été préalablement corrigées afin d'être certaine qu'elles ne comportaient aucune faute d'orthographe. Dans le but de les rendre claires et compréhensibles, j'ai essayé qu'elles soient courtes et concises et j'ai fait attention à ce qu'elles comportent toute un verbe d'action.

Afin qu'il n'y ait pas de problème d'incompréhension, je les lisais avec les enfants et je leur demandais de les reverbaliser.

Ma différenciation

J'ai essayé de différencier un maximum. J'ai donc tenté d'instaurer un système de « plan de travail » adapté à ma classe. J'ai réalisé 6 boites (une par enfant atteint d'autisme et une par duo selon le niveau scolaire des enfants) regroupant un ensemble d'activités/d'exercices ludiques et attrayants (cartes à pinces, cartes à tâches, jeux...) adaptés au niveau de chacun.

Chaque activité comportait un logo. Afin de suivre l'évolution et

l'avancée des enfants, ceux-ci bénéficiaient d'un tableau portant leur nom reprenant l'ensemble des logos de leurs boites. À chaque fois qu'ils travaillaient l'une ou l'autre activité, ils devaient, à la fin de celle-ci, mettre une croix dans leur tableau à côté du logo et à la date du jour.

Chaque semaine, le tableau était renouvelé et ajusté dans le cas où des activités étaient retirées ou ajoutées.

Pour réaliser ces activités, les enfants pouvaient choisir leur lieu de travail (à la grande table ou à leur banc).

C'est un système qui a très bien fonctionné auprès des enfants. Ils ont adoré avoir leur propre boite et pouvoir avancer à leur rythme.

En plus de ces boites, énormément d'aides scolaires furent mises en place. Tout d'abord, les enfants éprouvant des difficultés étaient prioritaires pour venir travailler à la grande table afin que je sois tout près d'eux pour les aider. Ensuite, j'ai construit des « additionneurs » et des « soustracteurs"  afin d'aider les enfants en mathématique, étant donné qu'ils n'avaient encore jamais eu l'occasion d'en faire depuis le début de l'année. Enfin, les enfants avaient l'occasion de s'entraider et de travailler ensemble.

Mon journal de classe

L'un des objectifs de ce stage et de cette année était de créer un journal de classe que nous ferions petit à petit progresser afin qu'il devienne notre « farde de stage ».

Adorant chipoter à l'ordinateur, j'ai décidé de créer un journal de classe ayant un thème tropical.

Lors de mon stage dans l'enseignement spécialisé, je n'avais inséré dedans que les différents projets et objectifs poursuivis par mon école de stage ainsi que les observations fines de mes élèves. J'espérais le faire davantage progresser lors de mon prochain stage, ce qui malheureusement, ne sera pas possible...


Mon projet

Un autre objectif poursuivi par ce stage était de mener un projet choisi par les enfants.

Cependant étant donné l'établissement de mon TFE et du projet sur l'Europe déjà poursuivi par ma classe, j'ai décidé de ne pas réaliser mon projet lors de ce stage. J'ai donc discuté avec ma pédagogue et nous nous étions mises d'accord pour que je réalise un projet lors de mon stage en P3/P4, mais, avec la crise sanitaire, ce ne fut malheureusement pas possible étant donné que ce stage a été annulé.

Mon auto-gestion

Étant donné mon principe de boites instauré au sein de la classe, je n'avais pas prévu d'auto-gestion. En effet, lors des temps libres, les enfants pouvaient soit aller dans leur boite, soit je leur offrais l'occasion de s'occuper comme ils le voulaient. Beaucoup d'entre eux passaient ce temps à bricoler et à construire un tas de choses.

Ma relation avec les enfants

Au début de mon stage, la relation que j'établirais avec les enfants était ce qui me préoccupait le plus.

Lorsque je suis arrivée sur mon lieu de stage pour observer, j'allais vers les enfants afin d'établir un premier contact avec eux. Tout s'est très bien passé durant mes observations, j'ai déjà établi un premier lien avec mes élèves. Lorsque j'ai commencé mon stage actif, j'ai été contente de constater que ce début de relation était resté le même. Seul un enfant était réticent, voire hostile, à l'idée que je prenne les rennes de la classe. Il me l'a d'ailleurs bien fait comprendre. Il était désagréable, arrogant et refusait catégoriquement ce que je lui proposais. Je ne me suis pas laissé abattre. J'ai continué à faire des pas vers lui, à chercher à le connaitre et ça a payé. Finalement, ce garçon se confiait à moi, demandait mon aide. Ce fut une très belle réussite pour moi.

Le fait que je prenne le temps de découvrir chaque enfant individuellement et que j'établisse avec chacun d'entre eux une relation privilégiée a vraiment payé.

Ensemble, nous avons réussi à créer un climat de classe honnête où l'on se faisait confiance mutuellement.

Mon expérience, mon vécu

Cette expérience fut tout simplement extraordinaire !

J'ai énormément appris de ce stage et de ma maitre de stage.

J'ai adoré la relation que j'ai établie avec les enfants, le fait de constamment différencier de manière variée, le fait que le relationnel soit mis en priorité...

Je me suis sentie plus utile dans ce stage que dans n'importe quel autre !

J'ai aimé varier mes modalités de travail, on ne fait jamais deux fois la même chose, jamais le temps de s'ennuyer !

J'avais déjà réalisé un stage dans le type 3 lors de mes études secondaires en tant qu'éducatrice. Ayant adoré ce stage, je tenais à confirmer mon envie de travailler dans cet univers en retournant dans l'enseignement spécialisé de type 3. J'attendais donc ce stage depuis le début de mon bachelier. J'ai été ravie de constater que, plus que jamais, c'est dans cet univers que je veux travailler.

Non seulement je me sens utile, j'ai réellement l'impression de faire quelque chose pour les enfants, mais surtout, je suis émerveillée quand je vois à quel point les enfants nous le rendent.

Privilégier le bien-être des enfants avec lesquels je travaille, les aider à sortir de ce qu'ils vivent et à les préparer à ce qui les attend dehors en tenant compte de leurs besoins, de leurs capacités, de leurs difficultés... c'est l'enseignante que je veux être.

Mes objectifs

Je dois avouer que je suis plutôt fière de moi concernant ce stage et les objectifs que je m'étais fixés.

En effet, ma différenciation au travers de mes boites m'a permise d'apporter l'aide individualisée que je souhaitais à chacun de mes élèves. Pour ce qui est du cadre que je voulais imposer, je ne pense pas avoir démontré directement mon autorité, mais le fait de mettre en place la boite à émotions a déjà permis aux enfants de voir que j'étais présente et que des choses étaient en place. Cela rejoint alors mon avant-dernier objectif. J'ai mis en place certaines activités de mon TFE qui me semblaient pertinentes selon ma classe et mes élèves. Ensuite, pour ce qui est d'oser, je pense l'avoir fait différemment, c'est-à-dire que je n'ai pas forcément osé quelque chose en particulier, si ce n'est mes boites, mais j'ai surtout osé l'honnêteté. Je pense que mes élèves ont des vécus assez lourds pour ne pas être dorlotés et pour être confrontés à la réalité. Dès lors, je n'essayais pas de passer par quatre chemins pour dire et faire comprendre les choses, je faisais preuve d'honnêteté même si c'est parfois c'était difficile à entendre ou à comprendre. Ma maitre de stage agissait de la même manière et a d'ailleurs souligné mes interventions en disant qu'elles étaient pertinentes et adéquates.

Ma gestion du temps était presque parfaite. J'y faisais très attention, mais parfois, lorsque nous étions plongés dans une activité, il nous est souvent arrivé de dépasser.

Enfin, concernant le fait de mettre plus de vie dans ma façon d'agir, je pense avoir fait de grands efforts.

Au regard des compétences de pédagogie

Département pédagogique de Champion - HENALLUX