La conférence de Ludivine Halloy

Ludivine Halloy a d'abord été une enseignante de l'enseignement spécialisé avant de devenir une conseillère pédagogique pour l'enseignement spécialisé.

Durant la conférence qu'elle est venue donner à mon école, l'HENALLUX de Champion, elle nous a d'abord parlé de son expérience.

Elle nous a ensuite présenté la pyramide pour la prise en charge des difficultés d'apprentissage dans l'enseignement fondamental créée par la Fédération de l'Enseignement Fondamental Catholique (FédEFoc).

La voici :

  • Niveau 0 : Les fondations

Comme les fondations d'une maison, celles-ci doivent être solides, car elles constituent la base d'un enseignement de qualité. Elles se composent de la gestion de classe, de la gestion de l’enseignement et de l’apprentissage, l’évaluation formative.

  • La gestion de classe : 

La gestion de la classe, c'est tout ce qui permet la mise en place d'un climat sain, sécurisant, bienveillant ... Pour cela, plusieurs choses peuvent être instaurées : la gestion de groupes, la gestion des règles de vie de la classe, les responsabilités, la motivation, l'autonomie, la gestion des émotions, etc.

 

  • La gestion de l’enseignement et de l’apprentissage : 

Cette brique englobe tout ce qui concerne la préparation, l'animation, les compétences travaillées, etc. C'est également la distinction entre l’objet de l’apprentissage en lui-même (un savoir, un

savoir-faire, une compétence) et le chemin qui sera proposé pour y parvenir (le dispositif

d’enseignement-apprentissage).

Enfin, c'est aussi le fait de maitriser diverses méthodes pédagogiques et de les utiliser correctement selon ce qui est enseigné, mais également selon les enfants.

 

  • L’évaluation formative au service des apprentissages :

Cette évaluation à deux aspects positifs :

  1. Elle permet à l'enseignant de cibler les difficultés de ses élèves et de s'y adapter.
  2. L'enfant en apprend plus sur son propre fonctionnement. Il déploie alors des stratégies pour pallier à ses difficultés.
  • Niveau 1 : soutien général et préventif (pour tous les élèves) 

 Cet étage s’inscrit dans les missions du décret « définissant les missions prioritaires de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre ».

Cela comprend également la différenciation que mettent en place les enseignants afin de donner les mêmes chances à tous ses élèves.

 

  • Niveau 2 : Interventions ciblées d’intensité modérée à élevée

Ce deuxième niveau regroupe toutes les interventions mises en place dans l'intérêt de l'enfant, pour l'aider à faire face à ses difficultés. Cependant, avant de mettre en place quoi que ce soit, il faut d'abord observer attentivement l'enfant afin de récolter un maximum d'informations. L'enseignant mais aussi toutes autres personnes étant en contact avec l'enfant (parents, autres enseignants, etc.) vont cibler les enfants en difficultés et réaliseront un état des lieux pédagogique. Plus cet état des lieux est précis et ciblé, plus vite on trouvera le « cocktail » de mesures d’aide qui correspond aux besoins de l’élève. Cet état des lieux se retrouvera alors dans le dossier de l'élève.

Après cette phase d'observations vient l'intervention. L'enseignant ou le conseil de classe décidera de ce qui doit être mis en place pour venir en aide à l'enfant concerné (matériel, groupes de besoins, remédiation, tutorat, contrat individuel, etc.).

 

Là encore, les mesures d'aide mises en place sont consignées dans le dossier de l'élève afin d'en garder une trace.

L’intensité de l’intervention pourra varier selon les besoins. 

Ces mesures devront bien évidemment être évaluées et ajustées selon l'intensité des difficultés des enfants ou selon leurs besoins.

 

  • Niveau 3 : Aménagements raisonnables

 Des aménagements raisonnables sont des « mesures appropriées prises en fonction des besoins dans une situation concrète, afin de permettre à une personne présentant des besoins spécifiques d’accéder, de participer et de progresser dans son parcours scolaire, sauf si les mesures imposent à l’égard de l’établissement qui doit les adopter, une charge disproportionnée. ». Autrement dit, ils ont pour but de pallier à un environnement inadapté pour une personne en situation de handicap, ayant des besoins spécifiques.

« Un besoin spécifique est un besoin résultant d’une particularité d’un trouble, d’une situation permanente ou semi-permanente, d’ordre psychologique, mental, physique, psychoaffectif faisant obstacle au projet d’apprentissages et requérant, au sein de l’école, un soutien supplémentaire pour permettre à l’élève de poursuivre de manière régulière et harmonieuse son parcours scolaire dans l’enseignement ordinaire fondamental ou secondaire. » 

Pour bénéficier des aménagements raisonnables, deux conditions sont nécessaires :

  • un diagnostic de moins d’un an, établi par un spécialiste ;
  • que les aménagements aient été demandés.

Tout aménagement raisonnable doit répondre aux quatre critères suivants :

  1. Efficacité
  2. Égalité
  3. Autonomie
  4. Sécurité

Il existe différentes sortes d'aménagements raisonnables : matériels, organisationnels et pédagogiques. Voici des exemples d'aménagements pour chacune de ces catégories :

  • Aménagement matériel :
    • Autoriser l’enfant à ne pas utiliser obligatoirement un stylo.
    • Autoriser l’utilisation d’un casque anti-bruit ou d’écouteur pour écouter de la musique qui lui permettra d’avoir une meilleure concentration.
    • Permettre l’utilisation de matériel numérique et donc, d’être à proximité d’une prise de courant.
    • Permettre l’entraide ou la présence d’un secrétaire pour les prises de notes, les consignes, etc.
    • Fournir ses notes de cours à l’enfant afin qu’il puisse écouter sans prendre de notes.
    • Etc. 
  • Aménagements organisationnels :
    • Pour faciliter l’accès aux compétences cognitives, on peut créer un environnement sécurisant dans un cadre structurant. Pour cela, mieux vaut éviter les changements de locaux, gérer les imprévus et anticiper les changements d’horaire, créer des routines et des rituels, prévoir une bonne gestion des temps de transition (récréation, temps de midi, etc.). 
    • Établir des routines.
    • Noter les échéances des travaux sur le calendrier de la classe.
    • Prévoir un emplacement systématique pour inscrire les devoirs et les leçons.
    • Vérifier avec l’enfant s’il a bien le matériel qui lui sera nécessaire.
    • Etc. 
  • Aménagements pédagogiques : 
    • Faire attention à ce qui doit être fait à domicile : consignes claires et précises, quantité variable selon les objectifs poursuivis et la capacité de concentration de l’élève, permettre une aide externe (support numérique, école des devoirs, …).
    • Différencier en aménageant : 
      • Les séquences d’apprentissages et leurs contenus : élaborer des plannings individuels où le temps de réalisation des différentes tâches de la journée serait fragmenté, diminuer les quantités à réaliser, utiliser des outils pour améliorer la gestion du temps, adapter les exercices et les consignes en tenant compte des capacités de concentration des enfants (consignes illustrées…).
      • Alterner les temps d’attention et de concentration en groupe avec des moments de travail individuel.
      • Utiliser des consignes courtes, claires et concises. Éviter de donner trop d’informations en une seule fois.
      • Vérifier la compréhension des élèves. 

L'enfant bénéficiant de ces aménagements aura alors un PIA (Plan Individuel d'Apprentissage) dans lequel seront répertoriés les aménagements mis en place pour atteindre un objectif spécifique.

 Cette intervention demande un partenariat entre les parents, les paramédicaux extérieurs, le centre PMS, l’élève, les professeurs polyvalents, …

Une fois qu'ils sont mis en place, les aménagements raisonnables sont permanents dans le quotidien de l'enfant.

 

  • Niveau 4 - Prise en charge par/avec l’enseignement spécialisé

Au sommet de la pyramide se trouve l’enseignement spécialisé.

À quel moment doit-on faire appel à l’expertise de ce type d’enseignement ?

Voici quelques pistes de réflexion :

  • Les aménagements raisonnables suffisent-ils ?
  • A-t-on l’infrastructure mobilière, immobilière et humaine suffisante ?
  • L’écart à la norme dépasse-t-il deux ans et ne se réduit pas malgré les adaptations mises en
  • place ?
  • Est-ce que l’élève manifeste qu’il vit mal sa scolarité ?

L’enseignement spécialisé dispense une pédagogie individualisée dans laquelle la personne qu'est l'enfant est une priorité. L'enfant sera considéré dans sa globalité et les aides qui lui seront apportées seront davantage relationnelles, sociales, affectives que pédagogiques.

Les PIA des enfants sont revus et ajustés (si nécessaire) tous les trois mois. Ils sont la base de la coordination et de la collaboration entre les intervenants qui travaillent avec l'enfant (équipe pluridisciplinaire, parents, enfant).

Mon analyse réflexive

Lors du partage de son expérience, celle-ci a cité des exemples très durs des enfants que l'on rencontre dans l'enseignement spécialisé. Certes, les exemples utilisés furent très difficiles à entendre, mais j'ai été touchée par le réalisme de ceux-ci. En effet, on n'imagine pas que l'on peut rencontrer des enfants avec de tels vécus. Souvent, ce sont des informations que l'on ignore tant que nous n'y sommes pas confrontés. J'ai beaucoup aimé sa franchise.

Pour ce qui est de la pyramide, j'ai beaucoup aimé le fait que l'on aborde les aménagements raisonnables. Certes, j'en avais brièvement pris connaissance, car j'étais en pleine recherche pour mon TFE, mais je ne me rendais pas compte des démarches que cela impliquait ni de toutes les possibilités d'aménagements. J'étais très impressionnée.

C'est une conférence que j'ai trouvée à la fois variée et intéressante.

Département pédagogique de Champion - HENALLUX